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« Les jumeaux Souseiji ? Oh… Ils ont fait pleurer une amie, la dernière fois. Ils sont si méchants! »
Hum… C’est peut-être vrai. Avec les autres, nous le sommes certainement. Nous jouons à des jeux qui ne font rire que nous.
Nous considérons les autres personnes comme nos jouets. Lorsqu’ils sont intéressants, on s’amuse.
Pour moi, le monde est constitué de deux entités distinctes : « nous » et « les autres ». Ils ne font pas partie de mon monde. Seul Hotaru en fait partie. Je n’ai pas réellement envie d’ouvrir notre bulle aux autres mais je le fais, de temps en temps, pour mon frère. Parce qu’il le faut. Je suppose que ça fait de moi quelqu’un d’un peu… raisonnable ?
Pourtant, je suis quelqu’un de jaloux et possessif. Je ne veux pas qu’on me prenne mon jumeau. J’ai réellement peur de le perdre. Mais il ne faut pas que je sois égoïste. Alors je me force, même si c’est dur.
Cependant, nous sommes tous les deux plutôt francs. On peut même dire qu’on est « secs » : nous ne prenons pas de gants pour dire ce que l’on pense. Quoi que, Hotaru l’est probablement un peu plus que moi… Je suis un peu plus « doux » que lui.
Les autres ont un peu de mal à nous supporter.
Je suis obligé de l’avouer : c’est un peu normal. Pour nous, ce sont juste des jouets. Ils nous amusent.
Mais malgré mon comportement, j’aimerais vraiment trouver quelqu’un qui nous comprenne.
Vous savez, il n’y a rien de pire que deux jumeaux qui s’ennuient. Alors, faites attention, d’accord ? > Nous sommes très proche, mon frère et moi. Peut-être même un peu trop… Toujours dans notre monde. Notre bulle. J’y suis bien, dedans. Je m’y sens en sécurité.
Si je le pouvais, je n’en sortirais jamais et je resterais toujours près d’Hotaru. Je n’ai besoin de personne tant qu’il est à mes côtés.
C’est ce que je me suis toujours dit. Mais au fond, je sais très bien que l’on a besoin de rencontrer d’autres personnes.
J’ai peur qu’il me laisse tomber, un jour… Mais j’essaie quand même de le pousser vers les autres. Quitte à ce qu’il me laisse derrière.
Je suis peut-être masochiste, en fait. Ça me fait rire.
Depuis tous petits, nous sommes toujours collés l’un à l’autre. Je n’ai jamais pu me passer de lui. Je suis peut-être dépendant, en fait.
Nous avons eu la chance de naitre jumeau…
Pourtant, même si je suis heureux de lui ressembler comme deux gouttes d’eau, je ne peux m’empêcher d’être triste que l’on ne nous différencie pas. Depuis notre naissance, en dix-huit ans, seule notre mère y est arrivée.
Nous l’aimons beaucoup, d’ailleurs.
Vous l’aurez peut-être remarqué mais, nos prénoms sont très différents. Noah et Hotaru. Une attention de celle-ci pour nous empêcher de sombrer vers un complexe d’identité.
Malheureusement pour elle, cela a échoué. Nos prénoms sont beaux. Pourtant, lorsqu’ils s’adressent à nous, les autres disent toujours «
les jumeaux ». Comme s’ils ne nous voyaient pas comme deux êtres différents.
Ou bien, lorsqu’ils utilisent nos prénoms, ils utilisent le hasard.
« Euh… Ho-Hotaru ?
- Nan. Moi, c’est Noah… »
Combien de fois ai-je vécue cette scène ? Je ne compte plus depuis longtemps.
Bien que cela nous blesse affreusement, nous avons finalement décidé d’en jouer.
« Eh, jouons à un jeu. Qui est Hotaru ? Qui est Noah ? »
Oui, je pense que nous sommes réellement masochistes. C’est drôle, non ?
Nous n’avons jamais cherché à aider les autres à nous différencier. Toujours la même coupe, toujours ensembles…
A vrai dire, je chéri la ressemblance qui m’unie à mon frère.
Ce que je veux, c’est que quelqu’un apprenne à me connaitre. Qu’ils comprennent que, bien que l’on soit très fusionnel, nous sommes différents.
Revenons-en au jeu. Il est bien cruel… Quoiqu’ils répondent, ils essaient tous de deviner sans le savoir réellement. Et nous, qu’ils aient juste ou non, nous leur répondons toujours la même chose.
« BIIIIIIIIIP ! C’est faux ! »
Lorsque nous avions créés ce jeu, nous n’étions encore que des gamins.
Mais en grandissant, cette soif de reconnaissance nous a poussés à être de plus en plus cruels avec ceux qui tentaient de s’introduire dans notre bulle. Cela se sentait dans nos blagues…
Nos visages, si similaires, semblaient plaire à beaucoup de filles.
C’est mon frère qui eut l’idée d’en jouer. C’était cruel, je le sais. Mais je ne le lui ai pas dit. J’ai juste accepté de jouer à son nouveau jeu.
D’une certaine façon, cela me rend pire que lui. Je suis conscient du mal que l’on fait mais je ne fais rien pour l’en empêcher.
Hum ? Quoi ? Ah oui, notre nouvelle distraction… Je vais vous expliquer.
Lorsque l’un de nous recevait une lettre d’amour –
ce qui arrivait plutôt souvent – nous commencions le test.
« Oh ! N-Noah…
-Désolé, je ne suis pas Noah… Je suis Hotaru. Tu t’es trompé de casier.
- Oh… Je… Désolée.
- Mais, tu sais, tu me plais beaucoup… Ce n’est pas possible entre nous ? »
C’est-à-partir de cette question que nous devenions vraiment cruels. En réalité, la jeune-fille me parlait bien à moi. Noah.
Ma dernière phrase était bien évidemment un mensonge destiné à tester le cœur de cette demoiselle.
Qu’espérions-nous, en réalité ? Qu’elle découvre la supercherie ? Cela n’était jamais arrivé, en tout cas. Elles mordaient toutes à l’hameçon.
«Je… Oui, si tu veux… »
Noah ou Hotaru. Ca ne lui importait peu. Comme à toutes les autres filles qui étaient venues nous rencontrer avant elle.
Après cette réponse, je me tournais vers mon frère, caché un peu plus loin.
« T’entends ça, Hotaru ? Elle veut bien sortir avec toi. Alors qu’elle m’a fait sa déclaration ! »
Celui-ci sortait de sa cachète et s’approchait de moi en souriant. Puis, posant un bras sur mon épaule, il m’aidait à détruire le cœur de cette fille.
« L’un ou l’autre te convient ? Alors tu n’as besoin d’aucun de nous ! »
Nous répliquions toujours cela. Ensuite, cruellement, nous nous moquions d’elle. De son apparence... De n’importe quoi qui pourrait la vexer.
Nous ne pensions pas réellement ce que nous disions. En réalité, nous étions tellement blessés que nous cherchions juste à lui faire subir la même chose.
Un jour, alors que l’on parlait de cela, mon frère m’avait dit quelque chose d’atrocement réaliste.
« Pour les autres, ce que nous sommes au fond n’a pas d’importance. Hotaru ou Noah ‘’ c’est la même chose. ‘’ »
Alors nous continuions nos blagues en essayant de trouver notre place.
Lassés de tout, nous avions essayé bon-nombre d’activité. Mais au final, une seule réussi à captiver notre attention -> Le stylisme.
La mode, la création d’habits… Nous avions toujours vécu dedans en réalité, notre mère étant une artiste connue dans le milieu.
Elle s’amusait à nous habiller avec ses créations pendant des heuuuures ! Ça ne nous enchantait pas, à la base. Mais nous avions fini par y prendre goût et nous l’imitions, essayant de dessiner des vêtements et divers accessoires. Nous dessinions même des coupes de cheveux.
A cause de nos plaisanteries, nous changions souvent d’écoles. Cela ne me dérangeait pas plus que ça.
« Tant que je suis avec Hotaru, tout va bien. »
Pourtant, au fond de moi j’avais envie de trouver un endroit où nous pourrions rester et peut-être devenir plus heureux.
Mon frère du le sentir puisqu’un jour, il vint me chercher à la sortie d’un de mes cours supplémentaire et il me tendit un prospectus parlant d’une école d’art. L’académie Yoshitoki.