La fin des cours....la sonnerie retentissant avec un bruit atroce. Pourtant, certains élèves semblaient l'apprécier. Pas Minami en fait. Son cours de chant étant finit, elle resta assise à sa place, tenant son sac de cours avec les deux mains.

-Professeur?

-Oui Minami?

-Puis-je rester? Je voudrais m'entraîner.

-Bien sûr. Fais ce que tu veux.

La prof' hocha la tête, attrapa sa sacoche et sortit en fermant la porte derrière elle. Minami se retrouva seule. Elle ne savait pas trop quoi chanter à vrai dire...Il n'y en avait qu'une qui lui venait à l'esprit:


Elle ne le remarua pas tout de suite, mais quelqu'un avait ouvert la porte. La rouquine continua sa chanson, impérturbable, debout devant sa table.


Toujours concentrée sur ses paroles, elle ne voyait pas le jeune homme.
Elle mua ses paroles en vocalises mélodieuses et envoûtantes. Vocalises que sa mère qualifiait de supebres et dont elle avait le secret.


C'est alors que, s'étant arrêtée, elle se tourna vers la porte. Appercevant un garçon aux cheveux blancs. Elle s'empourpra violemment, ne parvenant pas à cacher son malaise.
Elle détourna la tête mais finit par le regarder, intriguée. Ses vêtements étaient ceux d'un noble, pourtant, il n'avait pas l'air d'en être un avec son sourire puéril. Sa cicatrice sous son oeil se prolongeait. On ne la voyait pas, ma la jeune fille la devinait au dessus de son oeil gauche, cachée par ses cheveux de neige.
Il était plutôt beau...environ un an de moins qu'elle. Ses yeux fermés s'ouvrirent doucement sur un beau regard saphir.
Minami observa ses vêtements à elle: une chemise blanche recouverte d'une veste noire brodée d'argent. Des habits scolaires en clair. Sa jupe rouge lui arrivait un peu au dessus des genoux. Quant à ses chaussures...et bien des bottes noires avec un petit talon.

Elle se trouvait plutôt mignonne. Mais elle n'aimait pas tro ces garçons qui la dévoraient des yeux. Enfin surtout sa mini-jupe laissant à nu ses jambes fines. Elle appréciait bien le comportement de celui qui l'épiait. Il regardait ses yeux plutôt que le reste.
En fait, la rouquine avait eut un coup de foudre. Soudain. Peut-être trop précipité oui...mais qu'importe.
Quand elle l'avait regardé pour la deuxième fois, son coeur avait bondit dans sa poitrine. Ridicule...elle qui refusait de s'attacher à un garçon car elle les trouvait trop bête...sauf Kaoru. C'était bien le seul avec qui elle avait sympatisé pour l'instant. Dans la piscine à vrai dire.

-Hum...salut! Tu m'écoutes deuis combien de temps?

Elle se sentit un peu gênée...Minami avait encore des questions...mais elle préféra laisser le temps à l'inconnu de répondre à la première.

Ses cheveux...ils étaient si beaux! Malgré qu'ils soient blancs, ils avaient un certain charme.
Puis, le garçon devint tout d'un coup nerveux. Il ne le montrait pas vraiment, mais Minami percevait rapidement les signes de nervosité: son regard qui peinait à soutenir le sien, ses mains qui soudain devenaient plus rouges.
Il lui dit, une once d'hésitation dans la voix:

- Combien de temps ? Euh, je t’ai entendu t’exercer la voix, et c’est qui m’a attiré dans cette salle… J’ai commencé à t’écouter dès le début de ta chanson. Tu chantes très bien, tu sais…

Touchée, la rouqine lui fit un beau sourire amical. Elle ne voulait pas trop précipiter les choses, d'abord apprendre à le connaître, et puis ils deviendraient amis...Elle s'aprocha de lui et se pencha de sorte à devoir lever les yeux pour le voir, son regard vert collé à ses prunelles bleues.

-Vraiment? Eh bien merci!

Elle ferma les yeux, savourant ce moment, le soleil qui se couchait illuminant la pièce d'une douce lueur orangée, rose et rouge. Elle se releva et vit qu'il triturait une des mèches de ses cheveux. C'était si mignon! C'est ce qu'elle faisait elle même quand elle était embarassée ou des choses du genre.

Soudain, elle se rendit compte qu'il y avait un stylo par terre. Sûrement celui du garçon qui l'avait fait tombé en entrant. Bref, elle se baissa pour le ramasser et, involontairement, frôla le jeune homme. Ses yeux s'écarquillèrent et, elle se demanda s'il en était de même pour lui.
Elle se redressa subitement et perdit l'équilibre, tombant le derrière au sol dans un fracas.

En effet, dans sa chute, elle avait entraîné une table et un chaise derrière elle. Sentant une douleur dans le bas de son dos, elle se massa rapidement, comme le font certaines personnes dans les animes et autres. La jeune fille rougit violemment, ne parvenant pas à contrôler ses émotions.
Son coeur battit la chamade. Elle voulait l'impressioner et le charmer, en tout cas un peu, eh bien on peut dire qu'elle était loin d'avoir réussit...vu ce qu'elle venait de faire.

Minami se dit qu'elle devait avoir l'air bien bête, aussi elle refusa de lever la tête pour regader l'admirateur de sa voix.
Que pensait-il?
La rousse se fit toute une liste de commentaires possibles, tous aussi péjoratifs que les autres.

*Mais quelle idiote elle fait! Elle ne sait pas tenir debout ou quoi?! Elle est vraiment maladroite...Oh mais que va-t-il penser de moi?!*

A ce moment précis, la jeune fille aurait bien voulut être une souris, se faire toute petite pour rentrer dans un trou et ne pas avoir l'air si stupide...malheureusement, c'était impossible alors elle se contentait de fermer les yeux afin de ne pas croiser le regard de son interlocuteur.

Soudain, précipitament, il la prit dans ses bras, tendrement comme pour ne pas l'abîmer. Puis doucement il lui releva la tête comme pour la forcer à le regarder. C'est là qu'elle découvrit lentement, très lentement ses iris vertes. Son visage devenant rouge pivoine. Elle se demanda un instant si il ne remarquait pas que son visage pâle avait prit bien trop rapidement des couleurs. C'était vraiment n'importe quoi!

- Tu ne t’es pas fait mal ? Ca va ?

Relevée par ses bras, elle les sentit toujours contre elle afin de la protéger d'un éventuelle chute. Mal à l'aise, elle se libéra doucement de son étreinte pourtant si agréable, chaleureuse et rassurante.

-Mer...merci...Non non ça va...mais, j'ai un peu mal, mais c'est as grave.

A vrai dire, elle n'avait pas mal. La douleur avait été aténuée après le conatact des bras du jeune homme sur elle.
Minami se frotta avec rapidité son coude, extrémement gênée.

- Au fait, je ne t'ai pas demandé ton prénom...

Sa voix se fit à nouveau entendre et il la fixa dans les yeux en souriant. La rouquine hésita un moment. D'habitude, elle se montrait lutôt distante avec les garçons et ne cherchait pas trop à disctuer longuement avec eux. Or là, elle savait qu'elle pouvait rester toute la nuit à parler avec lui sans en avoir marre.

-Minami...Shimada Minami. Et toi?

C'était étrange non? Elle ne savait rien de cet inconnu. Oui, c'était un inconnu pour l'instant. Peut-être une connaissance à la limite. Et pourtant, la jeune fille était tombée amoureuse de lui au premier regard...sans rien savoir de lui et pas même son nom.

Elle lui sourit à nouveau, les yeux tristes et vides. Ne cherchez pas à comprendre pourquoi cette expression abattue sur son visage, elle l'ignore elle même.

Elle rougit fortement lorsqu’il l’avait prise dans ses bras. Sentant son cœur rater encore un battement, il fit semblant de ne pas le remarquer, pour ne pas la mettre mal à l’aise, c’était déjà assez gênant comme ça. Il la releva, et doucement, elle se libéra des bras du jeune homme en lui répondant :

- Mer...merci...Non non ça va...mais, j'ai un peu mal, mais c'est pas grave.

Lui, réfléchissait à toute vitesse à chacun de ses actes. Lui qui était d’habitude si distant… Si insouciant… Si moqueur aux gaffes des autres… Et si timide… Là, il sentait bien. Il n’osait pas faire le moindre écart en présence de la jeune fille. Ne voulant surtout pas que la conversation s’arrête là, et curieux d’en savoir plus à propos d’elle, il lui demanda son prénom. Elle lui répondit, une expression un peu triste apparaissant sur son visage :

- Minami… Minami Shimada. Et toi ?

Minami Shimada. C’était donc son nom… Il résonna dans son cœur un bon moment. Puis complètement en soi. Il le répéta doucement, inconsciemment :

- Minami…

Il ne put s’empêcher de sourire lorsqu’il le sut, malgré lui. Il oublia complètement toutes ses questions. Il connaissait son prénom. C’était tout ce qui importait à ce moment. C’était à son tour de révéler son nom. Il lui répondit donc :

- Le mien ? Léonid. Léonid Cartagia.

Dire cela le fit immédiatement retomber sur Terre. Il était Léonid Cartagia. Un élève que la plupart des élèves considéraient comme fou. Il était impossible qu’elle ait réellement envie de nouer des liens avec lui… C’était… Impossible. Mais ne laissant apparaître toujours aucune émotion, il attendit sa réponse.

Elle attendait avec impatience de connaître le nom de ce garçon...de celui dont instantanément elle était tombée amoureuse. Mais malheureusement, il ne semblait pas prêt à la dire tout de suite. Avant, il eut l'air de se rémmorer les paroles de la rouquine...surtout sa voix.

- Minami…

Elle l'entendit à peine...mais oui, il venait de prononcer son prénom comme s'il était le plus beau du monde. D'un coup, un sourire éclaira le visage du jeune homme. Et le sien? Etait-il aussi beau? Bien sûr, elle le savait.

- Le mien ? Léonid. Léonid Cartagia.

Minami lui sourit, c'étais un bien joli nom. Puis, elle mit son doigt sur son menton, signe qu'elle réflechissait.

-Cartagia...ça me fait penser à Cartage. Une ville de l'Antiquité. Tu sais, j'aime vraiment l'histoire et...

Elle se stoppa net. La jeune fille avait un certain don pour lire en les gens. Et même ceux qui se renfermaient du mieux qu'ils pouvaient, elle finissait par les percer à jour. Et ce Léonid...elle avait lu en lui. La peur...la peine...la tristesse...et surtout le remords. Et encore la déception. Cepandant elle ne savait pas pourquoi...que sa passait-il dans son esprit? Soudain, une vérité vint frapper Minami de l'intérieur, et ce, de plein fouet.

Léonid Cartagia...l'élève fou...

-Dis moi, c'est toi ce garçon que l'on dit fou ? Surdoué et solitaire...il y en a qui disent que tu es bizarre.

Sentant toucher un point faible, elle poussa plus loin la comèdie. Il ne devait pas avoir beaucoup d'amis...

La rouquine eut un mouvement de recul, comme pour montrer sa crainte vis-à-vis de cet être étrange. Mais en vérité, son coeur jubilait. Elle était fière de son coup!

Elle ouvrit la bouche en un "o" comme pour pousser un hurlement. Mais au dernier moment, sa grimace se transforma en un magnifique sourire amical. De nouveau penchée vers Léonid, ses yeux se fermèrent afin d'accentuer sa malice.

-Tu ne pensais pas que je serai comme ces crétins? Je ne pense pas que tu sois bizarre...je te trouve plutôt normal...juste différent des autres. Et c'est aussi bien, ce serait dommage que tu leur ressemble non? Idiots comme ils sont!

Elle se mit à rire d'un rire cristallin qui entraînait toujours les autres. Un courant d'air entra soudain ar la fenêtre, agitant ses cheveux et déplaçant son parfum...et soulevant légèrement sa jupe...Son sourire s'effaça, laissant place à un visage rougit et à un corps incapable du moindre geste.

Minami lui sourit, ce qui eut le don de lui faire rater un autre battement. Peut-être ignorait-elle encore qui était-il ? Ou alors n’avait-elle pas entendu toutes ces rumeurs courant sur lui ? Il n’en savait rien, mais ne se sentait à présent plus aussi à l’aise, bien qu’il le cachait. Il espérait qu’elle ne l’apprenne pas trop vite, il aimerait encore parler avec elle… Encore un peu… Elle posa le doigt sur son menton, semblant réfléchir :

- Cartagia... Ca me fait penser à Carthage. Une ville de l'Antiquité. Tu sais, j'aime vraiment l'histoire et...

En plein milieu de sa phrase, elle se tut soudainement. Son sourire s’effaça. Un silence pesant s’installa. Léonid prit d’un seul coup peur. Il ne sut pourquoi à ce moment précis, mais il ne sentait pas bien ce qui allait se passer ensuite. Elle brisa le silence :


- Dis moi, c'est toi ce garçon que l'on dit fou ? Surdoué et solitaire...il y en a qui disent que tu es bizarre.

Il sentait presque le sol se dérober sous ses pieds. Le jeune homme tombait des nues. Ainsi, elle savait. Une expression de peur se dessina sur le visage de la belle rousse. Incapable de faire le moindre geste, paralysé de peur par sa découverte de ses rumeurs, il ne pouvait que la regarder s’éloigner de lui, le craignant certainement à ce moment. Elle reculait et semblait sur le point de crier. Il ne fit rien pour l’en empêcher. Il ne lui en voudrait même pas. Il avait tellement l’habitude d’être craint de tous. Une de plus, une de moins, qu’est-ce que cela changeait ? Pourtant… Il ne pensait pas cela complètement. Il ne savait pas pourquoi, mais il sentait qu’il allait bien plus regretter cette perte, même s’il ne fit rien pour y changer quelque chose.

Pourtant, au dernier moment, son expression horrifiée se transforma en un magnifique sourire. Elle se rapprocha de Léonid, les yeux fermés avec malice :

- Tu ne pensais pas que je serai comme ces crétins ? Je ne pense pas que tu sois bizarre...je te trouve plutôt normal...juste différent des autres. Et c'est aussi bien, ce serait dommage que tu leur ressemble non ? Idiots comme ils sont !

Puis, elle rit. D’un rire amical. En entendant son rire, le jeune homme se détendit complètement. Ainsi, elle ne le considérait pas comme différent, bizarre, ou fou… Que c’était réconfortant de savoir que certaines personnes le trouvaient normal. C’était si… Etrange. Mais ce n’était pas déplaisant, bien au contraire. Depuis bien longtemps, il sourit vraiment. D’un vrai bonheur. Sa journée venait d’un seul coup de s’éclairer. Et il tenait à le lui faire savoir :

- Ah ? Merci beaucoup. Tu sais, ce que tu viens de dire peut te paraître anodin, mais ça signifie beaucoup. Merci…

Il avait envie de faire quelque chose, mais cela semblait infranchissable. Allait-il le faire ? Allait-il oser ? Oui ? Oui. Il commença à s’approcher. Comme pour accompagner la joie de l’élève, un courant d’air entra dans la salle, y répandant un doux parfum, mais surtout… Soulevant la jupe de la jeune fille. Léonid s’immobilisa dans son mouvement, ayant deviné ce qui s’était passé et n’osant pas regarder plus bas que les yeux de Minami, au moins aussi gêné qu’elle. Mais ses yeux… Il sentait qu’il pourrait les regarder des heures durant.

Toujours accoudée au rebord de la fenêtre fixait le couché du soleil. C'était un instant privilégié... un moment qui pour elle avait beaucoup d'importance. Cela lui rappelait tant de souvenirs... Douloureux pour la plupart. Mais si heureux en y resongeant ! Cela lui rappelait sa vie d'avant.

Léonid la rejoignit et il regarda la panorama à son tour, comme envoûté lui aussi par tant de beauté.

- Joli paysage, tu ne trouves pas ?

Presque instantanément, il avait reprit une mèche entre ses doigts afin de la triturer. Il semblait que le fait d'être près d'elle le gênait. Resentait-il quelque chose à l'égard de la jeune fille ? En tout cas, elle oui... et le savoir à son côté la rassurait presque. Elle l'aimait. Elle n'avait pas pu y échapper. Ca lui était tombé dessus. Oui c'était cela, un coup de foudre.

Minami appréciait sa compagnie et elle aurait voulut que cet instant ne se termine jamais. La rouquine posa sa main à plat sur le rebord, près de Léonid.

Espérait-elle qu'il se passe quelque chose ? Oui peut-être. Un espoir fou né soudainement de son amour pour cette personne quasi inconnue. Elle avait fait sa rencontre quelques minutes plus tôt, mais elle avait l'impression de le connaître depuis des années.

-C'est un beau paysage... Quand j'étais petite, ma mère et moi regardions ces couchés de soleil tous les soirs. C'était notre moment à nous.


Elle afficha un sourire triste, presque fataliste. Tout cela avait prit fin prématurément.

-Deuis que je suis toute petite. Jusqu'à ce que ma mère ne nous quitte, tuée par un chauffard ivre. Maintenant, chaque fois que je voit un couché de soleil je repense à elle.

Les larmes aux yeux, elle les essuya du revers de la main. La jeune rousse se sentait un peu sotte. Pleurer à cause d'un crépuscule.

-C'est pathétique n'est-ce pas ? Verser des larmes pour ça...

Sur le coup, elle aurait bien aimé qu'il la prenne dans ses bras. Mais c'était sans doute une chose impossible. Il n'y avait aucune chance pour qu'il l'aime... non ?

Léonid observait ce panorama qu’il trouvait en cet instant le plus beau du monde. La seule compagnie de Minami lui suffisait pour apprécier pleinement ce moment. Oui, sa simple présence le rendait heureux. Il aurait voulu que ce moment dure pour l’éternité. Même si c’était impossible…

Elle posa sa main à plat… Près de Léonid, sur le rebord de la fenêtre. Le jeune élève n’avait alors seulement qu’une envie : c’était de la prendre. Mais n’était-ce pas un peu osé… ? Il était partagé, une fois de plus… La jeune fille lui parla, rêveuse :


- C'est un beau paysage... Quand j'étais petite, ma mère et moi regardions ces couchés de soleil tous les soirs. C'était notre moment à nous.

Il buvait ses paroles. Mais le regard de la jeune fille s’assombrit. Léonid la regarda discrètement, et décela… Oui, de la tristesse, mais pourquoi ? Elle continua :

- Depuis que je suis toute petite. Jusqu'à ce que ma mère ne nous quitte, tuée par un chauffard ivre. Maintenant, chaque fois que je vois un couché de soleil je repense à elle.

Des larmes perlaient ses yeux. Elles s’accrochèrent, puis tombèrent, brillant sur le rebord de la fenêtre au soleil.

- C'est pathétique n'est-ce pas ? Verser des larmes pour ça...

L’amoureux, après avoir entendu ce mini récit regarda au loin quelques secondes, puis se dit soudainement :

- Baka… Tu réfléchis beaucoup trop !

Il prit alors d’une main celle de Minami, et de l’autre, essuya ses dernières larmes.


- Il n’y a aucune honte à pleurer, tu sais. Surtout pour un évènement aussi triste. Je dirais même qu’il est normal que ce soleil t’ait rappelé cet évènement aussi douloureux pour ton cœur, et qu'il t'ait fait verser ces quelques larmes. Mais…

Il la prit dans ses bras et la serra comme si c’était un précieux trésor.

- Ne pleure plus. D’accord ?

Trop de souvenirs... beaucoup trop. Tous en même temps, ils étaient remontés à la surface, comme la lave qui monte, monte, et qui finalement provoque l'éruption. Chez Minami, on pouvait appliquer une pareille métaphore, la comparant au volcan, et ses larmes seraient la lave en fusion coulant sur les versants de la montagne en feu.

Elle aurait tant aimé cesser de pleurer. C'était un spectacle qu'elle qualifiait de minable, surtout en présence de Léonid.

Mais contre toute attente, ce dernier s'empara d'un coup de sa main posée à plat. Il essuya gentiment ses larmes. D'une voix douce il la réconforta.

- Il n’y a aucune honte à pleurer, tu sais. Surtout pour un évènement aussi triste. Je dirais même qu’il est normal que ce soleil t’ait rappelé cet évènement aussi douloureux pour ton cœur, et qu'il t'ait fait verser ces quelques larmes. Mais…

Il avait l'air de lire en elle. Car c'était vrai, cet évènement était le plus horrible et le plus triste qu'elle ait jamais vécu. Et la rouquine en avait gardé des marques, ancrées au plus profond d'elle-même, et qui le resterai à jamais. La mort d'un être aussi cher que l'était sa mère pour elle, on ne l'oublie pas.

Soudain, il la prit dans ses bras, doucement, comme par peur de la briser.

- Ne pleure plus. D’accord ?

Si elle... oublions ce passage qui serait trop compliqué. Je disais donc... malgré l'interdiction de Léonid, elle se mit à pleurer. De joie naturellement.

Rassurée, elle passa ses bras derrière le jeune homme et posa sa tête sur son épaule. La jeune fille se sentait bien, ainsi blottie contre lui.

*Je peux le faire... ou pas... oh et puis crotte ! *

Elle se libéra de son étreinte, se hissa sur la pointe des pieds et...

... embrassa Léonid, légèrement et tendrement.

Tout cela lui paraîssait tellement flou. Et à la fois plus clair. Les lèvres de Léonis posées sur les siennes... une sensation qu'elle n'aurait jamais cru possible. Et pourtant, c'était bien vrai ! Il s'était même penché pour qu'elle soit plus à l'aise. En effet, être sur la pointe des pieds n'était pas une position très agréable à la longue.

C'est alors que la rouquine comprit. Elle ne l'avait pas saisit immédiatement, peut-être trop heureuse. Mais en fait, lui aussi l'aimait ! Sur le coup, elle n'avait pensé à rien d'autre qu'à cet instant, magique pour elle. Minami croyait même que son coeur allait éclater et qu'elle allait tomber dans les pommes tellement c'était irréel... et pourtant, ce n'était pas une illusion.

D'ailleurs, dans son esprit, c'était trop beau pour être vrai. Aussi, elle se pinça suffisamment fort pour être certaine qu'elle ne rêvait pas. La marque rouge sur son bras, et la violente douleur qui s'était propagée en elle témoignait de la véracité de cette situation.

Léonid releva la tête, interrompant ainsi leur échange.

- Je n’aurais jamais cru qu’on éprouvait les mêmes sentiments l’un pour l’autre… Et… Rappelle-moi exactement… Comment est-ce qu’on en est arrivé là ?

Il haussa un sourcil, feignant de ce fait l'étonnement. Puis il se mit à rire, et Minami ne put résister à l'envie de sourire elle aussi. Un de ces sourires mignons, si jolis à regarder dont elle avait le secret.

-Tu ne le croyais pas, eh bien maintenant, tu le vois de tes propres yeux. Quant à ta question... tu es entré pour mieux m'écouter... et, je ne sais pas vraiment comment en fait.

Elle baissa les yeux. Ils étaient dans l'ignorance la plus totale, mais, il y avait bien une chose que la jeune fille savait, et qu'il était bon de savoir après tout.

-Ce qui est sûr, ce que l'on sait... c'est que l'on s'aime. Point. Il n'y a pas besoin de chercher plus loin, ne penses-tu pas ?

Elle continua à sourire et d'un geste élégant, replaça une mèche tombée sur les yeux de Léonid. Cet acte n'était pas stupide, il avait un but : d'après certains, il n'aimait pas que l'on touche à ses cheveux. S'il la laissait faire sans rien dire, alors il prouverait qu'il l'aimait vraiment. Minami attendit, patiente et calme.

Ces cheveux... ils étaient le détail le plus observé après la cicatrice de Léonid. Ses cheveux blancs comme la neige. Ses cheveux auxquels ils tenaient plus que tout. Ses cheveux, que si on avait le malheur de toucher, c'est comme si on avait tué un membre de sa famille. Ses cheveux... si beaux. La rouquine était fascinée par cette couleur. Certainement parce que ce blanc, lui rappelait celui de sa grand-mère, restée en Allemagne. Elle aussi avait eut des cheveux blancs très tôt. Très jeune.

Ces personnes gardaient une belle crinière de neige. Un blanc immaculé. Un vrai blanc. Pas comme ceux des gens qui vieillssent et qui deviennent grisonnant. Non. Léonid, comme sa grand-mère étaient de ceux qui ont cette belle couleur.

Et puis on dit que le blanc est un mélange de toutes les couleurs. Ce qui le rendait, aux yeux verts de Minami, "l'unique". La seule à ne pas être une couleur. La seule à être un véritable mélange. La seule...

Soudain, la voix de Léonid la ramena à la réalité. Son sourire ornant son beau visage.

- Alors comme ça, tu aurais entendu la « légende » de mes cheveux…

Sur le coup, la jeune fille rentra sa tête dans ses épaules, légèrement apeurée. Si ça se trouve, il n'allait pas accepter ça. Mais son ton, son sourire, tout la poussait pourtant à penser le contraire.

La légende. C'était le mot qui convenait. Tous ces élèves qui le regardait avec curiosité dans les couloirs. Fixant ses cheveux comme si c'était le mystique Graal. Si beau, si recherché, et pourtant, impossible à toucher. Oui, c'était une comparaison un peu spéciale, mais sensiblement adaptée à la situation.

Puis, sans crier gare, il la reprit dans ses bras, affectueusement.

- Mais toi, tu as le droit… Parce que je t’aime, Minami.

C'est alors que se prouisit l'impossible... inimaginable ! Et pourtant... Minami se retira aussi sec, les sourcils froncés, le regard noir. Son sourire avait disparu, laissant place un visage presque en colère.

Malgré l'expression étonnée de son bien-aimé, elle ne se calma pas.

-Je t'en prie Léonid ! Si ça te gêne dit le moi ! Je ne veux pas que tu me laisse toucher à tes cheveux si tu ça ne te plaît pas ! Je comprendrais très bien ! Mais s'il te plaît ne me fait pas de fleur à ce sujet... ça me peinerait plus qu'autre chose.

Elle se retourna avec rapidité, les bras croisés sur sa poitrine, les yeux fermés. Mais au fond d'elle, elle savait qu'elle n'aurait jamais dû faire ça. Que lui avait-il prit ? Elle commença à trembler, tout d'abord imperceptiblement, puis ses jambes se mirent à trembloter sans qu'elle puissa y faire quoi que ce soit. Et cette fois, très visiblement.

Mais elle ne voulait pas se retourner. Elle le refusait, espérant que lui vienne la voir, lui avouant qu'effectivement cela l'ennuyait qu'elle touche à ses cheveux sacrés.

*Oh Léonid ! Pardon... pardon.*

Elle secoua la tête, faisant onduler sa crinière de feu, illuminée par le soleil couchant.

Ses jambes tremblantes... son coeur qui tembourinait dans sa poitrine... tout indiquait qu'elle n'aurait jamais dû se comporter ainsi, par orgueil en plus !

- Tu sais… Je pense reconnaître lorsque quelque chose me dérange… Et lorsque quelque chose ne me fait ni chaud ni froid.

Ses paroles firent "clic" dans son esprit. Il lui en voulait ? Certainement... par sa faute. Et dès la première journée où ils se connaissaient ! Que lui avait-il prit ? Pourquoi... quelle sombre idiote elle faisait !

Elle comprit au bruit sur le sol qui reculait... peut-être pour s'appuyer contre la fenêtre qui sait ? Mais elle le savait, son regard ne la quittait pas. Ele le sentait dans son dos, la brûlant presque.

*-Ne sois pas ainsi orgueilleuse !*
*-Tais-toi l'ange ! L'écoute pas Mina... faut mettre les limite dès le départ ma fille !
*-La ferme la démonne ! Minami... écoute ton coeur, il saura faire le bon choix ma petite.

En elle, les deux parties de son âme se disputaient. Mais laquelle écouter ? L'ange... ou le démon ? Chacun avec un inconvévient. Si elle obéissait au démon, sans doute elle perdrait Léonid... alors qu'elle venait juste de se rendre compte qu'elle l'aimait. Et en écoutant l'ange, c'est sa fierté qui en prendrait un coup. Alors que faire ?

A nouveau elle secoua ses cheveux. Et d'un coup, elle se retourna pour foncer sur Léonid pour, sur son torse, pleurer à moitié.

-Je te demande pardon... je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça...

Elle leva la tête, les yeux humides, et cette moue d'enfant qui veut de faire pardonner.

-Pourras-tu accepter mes excuses ? Malgré ce que je viens de faire ?

Sur un coup de tête elle avait boudé. Mais ce qui était sûr, c'est qu'elle n'avait pas avoué ses sentiments sur un coup de tête. Ca, elle le savait très bien. Jamais elle n'aurait fait une chose pareille de toute façon. S'était inimaginable ! Jamais de la vie. On l'avait trop bien éduquée pour ça.

- Penses-tu réellement que je puisse te refuser à mes bras ?

Il avait répondu bien vite à sa question, aussi, elle l'en remercia intérieurement. Puis il afficha à nouveau son sourire avant de l'embrasser.

Si elle s'était obstinée dans son tort, que ce serait-il passé ? Elle l'ignorait. Bien sûr, la rouquine pouvait très bien lui demander... mais pas tout de suite. Pour l'instant, elle était bien ainsi.

Cette étreinte aurait put durer des heures. Et d'ailleurs, le soleil, comme pour interrompre leur échange, disparut soudainement, sans qu'elle s'en rende compte. Il s'était couché, laissant place à la nuit. Alors Minami recula un peu.

-Il se fait tard. On devrait peut-être retourner dans nos dortoirs tu ne crois pas ?

Elle lui tourna le dos afin d'aller chercher son sac. Elle passa les "bretelles" autour de son épaule et marcha vers la porte. Elle allait sortir mais se ravisa au dernier moment. La jeune fille se retourna pour dire au revoir à Léonid.

Elle passa son bras derrière sa tête et l'embrassa, avant de retourner sur le seuil de la porte.

-Bonne nuit Léonid...

Et elle s'en alla en pensant que cette journée resterait gravée dans sa mémoire. Puis, en s'arrêtant, elle regarda derrière elle. La salle était déjà loin, mais il prendrait lui aussi ce chemin pour aller dans son dortoir. Minami sortit un postit et un stylo. Prenant son sac pour support, elle écrivit :

"Je t'aime..."

Simple. Court. Bref. Clair. En gros, ce qu'il y avait à dire et qu'elle n'avait pas encore vraiment dit.
Ne sachant pas trop où le mettre, elle l'accrocha au mur puis continua sa route, priant pour qu'il trouve son papier.

En tout cas, elle n'allait peut-être pas dormir de la nuit. Ou au contraire. Qui sait ?